
Les bâches opaques
L'espèce est recouverte par bâches opaques en PVC afin d'empêcher le déroulement de son cycle photosynthétique.
Cette méthode ne peut être utilisée que dans les zones très peu agitées où la fixation des bâches est possible. Les résultats sont concluants. Cependant, les bâches peuvent uniquement être utilisées sur des zones à faibles hydrodynanisme ou elles ne risquent pas d'être arrachées par les mouvements d'eau. [27,28]
L'arrachage mécanique
Un test de suceuse hydraulique a également été effectué en Espagne. Le principe est d’aspirer l’algue et son substrat.
En plus des dommages biologiques engendrés, l’opération s’est révélée inefficace du fait de fragments encore présents sur place. [24]
Caulerpa Taxifolia
Noms communs français :
Algue tueuse
Classification :
Règne : Végétal
Embranchement : Clorophytes
Classe : Ulvophycées
Ordre : Caulerpales
Famille : Caulerpacées
Genre : Caulerpa
Espèce : taxifolia

Description


Caulerpa taxifolia est une algue verte fluorescente de type nématothalle appartenant aux Ulvophyceae à structure siphonnée. Elle est constituée d’un stolon rampant qui s’ancre au substrat grâce à de longs crampons ressemblant à des piliers qui sont terminés par des rhizoïdes. Le stolon peut s’allonger jusqu’à atteindre une taille maximale de 3m de longueur. A partir ce stolon s’érigent verticalement les frondes qui sont pennées, aplaties latéralement et en forme de plume. Le long de l’axe de la fronde, vient se fixer des pinnules qui sont petits rameaux latéraux légèrement recourbés vers le haut. La Caulerpa taxifolia est une algue autotrophe. La photosynthèse fonctionne grâce aux plastes verts dans les frondes et les produits élaborés circulant dans les stolons pour alimenter des parties très éloignées. Caulerpa Taxofolia a la réputation d’« algue tueuse », en raison de sa toxicité pour la faune, de son impact négatif sur la biodiversité et de sa vitesse de développement inquiétante. Cette algue pourtant très compétitive et résistante, est aujourd'hui en forte régression et y est peut-être en voie de disparition en Méditerranée. [8,24]
Spécifité de la souche
Méditérannéene
La souche méditerranéenne de C. taxifolia possèdent des caractéristiques morphologiques et physiologiques qui sont différentes de celles des souches tropicales :
- Les frondes en méditerranée sont d’une longueur supérieure (jusqu'à 80 cm contre 25 cm dans les eaux tropicales)
- L’algue est généralement isolée dans les mers tropicales indigènes alors qu’en Méditerranée, elle forme des « prairies » sous-marine qui peuvent atteindre des densités exceptionnelles. En effet, on a pu dénombrer par endroit près de 14 000 frondes par m2.
- La caulerpe de méditerranée s’est adaptée à un plus large spectre de températures à savoir entre 7 °C et 30 °C. Elle survit environ 3 mois dans des eaux à 10 °C, tandis que la souche tropicale ne peut survivre en dessous de 20 °C. [25]

Les clés d’identification de l’algue Caulerpa taxifolia sont :
- Sa couleur verte fluorescente
- Ses frondes pennées rappelant l’aspect des feuilles d’if
- Son stolon cylindrique rampant fixé au substrat par des rhizoïdes. [24]
Eléments de reconnaissance
L’algue se rencontre dans les eaux de bonnes qualités comme dans les eaux polluées, devant des caps rocheux battus par les vagues comme dans les baies abritées. Elle est capable de se développer et coloniser de nombreux types de substrat tel que les fonds sableux et sédimentaires, le coralligène, la boue, la roche ou même les récifs coralliens. On peut la trouver de la surface jusqu’à 100 mètres de profondeur. Elle peut donc vivre avec une intensité lumineuse très faible, mais plus elle est importante, plus son développement est rapide. Sa température optimale de croissance est comprise entre 20 et 30°C. Les nouvelles colonies apparaissent principalement entre 2 et 10 mètres de profondeur. Caulerpa peut supporter une privation très sévère en nutriments, ce qui l’avantage fortement par rapport aux autre macrophytes. Elle est aussi très résistante aux variations de salinité. [26]
La Caulerpa taxifolia est originaire des eaux chaudes tropicales comme les côtes des Caraïbes, Golfe de Guinée, Mer Rouge. L’aquarium marin de Stuttgart (Allemagne), dans les années 1950 décide d’importer plusieurs souches de Caulerpa taxifloia. Une souche très résistante et dotée d’une croissance rapide a été choisie pour décorer les bacs de l’aquarium. Cette souche résistante nommé Caulerpa taxifolfia aquariologique s’est rapidement répandus dans la plupart des aquariums du monde. La souche est rejetée accidentellement dans le milieu naturel en 1984, en Méditerrané à partir de l’aquarium de Monaco. C’est 1 seul individu mâle unique qui a réussis à envahir toute la Méditrannée nord occidentale. La population observée en méditerranée est donc un clone qui est issus de la fragmentation de ce premier individu mâle se multipliant uniquement de façon végétative (bouturage). Son mécanisme de dissémination naturelle, le manque d’espèce brouteur, sa facilité de dissémination par l’intermédiaire des activités humaines lui a permis de se propager très rapidement. [4]
En Méditerranée, la reproduction sexuée demeure encore inconnue dans la mesure que seul les gamètes mâles ont pour l’instant été découverts. La multiplication de l’algue se fait de manière végétative par fragmentation (bouturage). Chez la Caulerpa taxifolia, c’est la totalité du thalle qui se détache pour aller se développer et former un nouvel individu. La dissémination de Caulerpa taxifolia sur de courtes distances se fait principalement par le transport de boutures emportées par les courants. Pour les longues distances, le transport s’effectue essentiellement par le biais d’activités humaines via les ancres de bateaux et les filets de pêche. Les fragments de l’algue peuvent survivre jusqu’à 10 jours dans un endroit humide, à l’abri du soleil, accrochés au système d’ancrage, aux engins de pêche, voir au matériel de plongée. Puis, une fois rejetés à la mer, ils peuvent se régénérer. Un petit fragment de l'algue suffit pour donner naissance très rapidement à une nouvelle colonie. [8, 28]
Historique de son introduction :

Caulerpa Taxofoliaen est une espèce introduite très envahissante en méditerranée qui parvient à étouffer tous les espèces d’algues, les herbiers et les communautés d’invertébrés sessiles. Elle menace fortement les herbiers de posidonie (Posidonia oceanica) étant le principal écosystème présent en Méditerranée. L’algue entre généralement en compétition face aux algues méditerranéennes pour la nourriture et la lumière et à cause de la dispersion de ses toxines dans le milieu naturel. Néanmoins, deux types d'herbiers autochtones parviennent à s’opposer à l’avance de cette l’algue : les herbiers d’algues courtes ou clairsemées qui sont loin d’être laissés intacts et les herbiers d’algues hautes et denses dans lesquels la Caulerpa taxifolia ne peut s’implanter que sporadiquement. L’invasion de Caulerpa taxofolia va engendrer de grandes prairies sous-marines monospécifiques de cette espèce qui sont synonyme de déclin de la biodiversité présente. Cette disparation de la flore provoque le déplacement des espèces animales autochtones vers des zones non colonisées par l’algue. Un deuxième impact résulte de l’ingestion des sesquiterpènes toxiques de l’algue par les poissons. Ces terpènes toxiques peuvent se propager tout le long de la chaine alimentaire. [8,27,28]

Biotope


De plus, L’algue synthétise des métabolites secondaires toxiques (sesquiterpènes) qui la protège vis-à-vis des prédateurs herbivores, des bouteurs (ex : oursins) et parfois des compétiteurs (autres espèces d'algues qui s'installent sur les mêmes types de fond. [25]
L'algue à la conquête de nouveaux espaces grâce à son stolon rampant

Reproduction

Impacts économiques
Impacts écologiques
Ses impacts économiques n'ont jamais été quantifiés mais l'algue tueuse s'enchevêtre dans les filets et autour des ancres, réduisant ainsi les prises de poissons. Cette algue, en raison de ses grandes qualités ornementales, continue d'être commercialisée en tant qu'espèce décoratrice d'aquarium. [8]



Gestion

Afin de limiter la prolifération de cette espèce très invasive , plusieurs méthodes d'éradication de l'algue ont été tentées avec plus ou moins de succès. Ces méthodes sont basés sur différents processus mécaniques, chimiques ou biologiques.
Lutte Physique

L'arrachage manuel
Des équipes de plongeurs découpent manuellement les plans de Caulerpa taxifolia. Cette technique est efficace uniquement sur de faibles surfaces et n’empêche pas la repousse. De plus, en fonction du substrat, le travail est plus ou moins laborieux. La vitesse d’exécution n’est également pas optimale car il n’est possible pour un plongeur de travailler seulement quelques heures par jour, par soucis de santé. [24,27,28]

Lutte chimique

L’utilisation du cuivre sous forme d’ion Cu2+
La technique semble prometteuse du fait de la haute sensibilité de l’algue à cette composante toxique. En effet, la présence du cuivre dissout dans l'eau tue l'ague en quelques heures, en fonction de la concentration en cuivre utilisée.
Plusieurs méthodes ont été développées basées sur l'utilisation du pouvoir toxique cuivre tels que « les couvertures de cuivres ». Néanmoins, aucunes d’entre elles ne permet une éradication totale dès la première campagne, plusieurs suivis sont donc nécessaires par la suite. De plus, la manipulation du cuivre reste dangereuse pour les plongeurs. [27,28]
L’épandage de sels
La technique consiste à augmenter la concentration de l’eau en sel du milieu environnemental de la colonie de Caulerpa taxifolia à éradiquer. Le but recherché étant de provoquer une plasmolyse de l'algue coenocytique, due aux phénomène d'osmose résultant de l'augmentation de la concentration en sel dans l'eau environnante, et entraîner la mort. [27,28]



Lutte biologique


L’introduction d’une espèce non-indigène capable de diminuer ou freiner la colonisation de l’espèce ciblée est une solution. Très étudiée par les scientifiques, ce type d’introduction comporte des risques par modification du biotope par dissémination, un changement possible de son régime alimentaire ou une concurrence avec d’autres espèces du milieu. Les seuls consommateurs réguliers de la Caulerpa taxifolia sont les mollusques Ascoglosses. Ils vont se nourrir du cytoplasme et non du reste de la plante, et vont limiter son évolution. Cependant, ces prédateurs restent très fragiles aux changements de température, et préfèrent les eaux chaudes. La communauté scientifique reste mitigée sur l’emploi de cette méthode, et l’analyse de chaque rapport d’efficacité, d’impact et de coût est encore en cours. La mise en place de ces projets de vaste ampleur prend du temps. [28,29]
CAULERPENYNE
La limace de mer Elysia subornata (famille des placobranchidés) est un consommateur de l'algue invasive Caulerpa taxifolia. [29]

®A. Meinesz
L'algue fait l'objet d'un récent déclin en Méditerranée. En effet, sur de nombreuses zones en méditerranée comme à Saint-Cyprien dans les Pyrénnées-Orientales ; la disparition de cette espèce a été mentionnée par certains scientifiques. Cette disparition reste actuellement un mystère. Une première hypothèse émerge par le fait que l’algue à tellement appauvrie son milieu de vie, qu’elle n’y trouve plus assez de richesse à son développement. Selon les scientifiques qui ont analysé cette hypothèse ; elle est peu concluante. Cela pourrait donc s’expliquer par le fait que la Caulerpa taxifolia se multiplie exclusivement par bouturage (seule la présence de plantes mâles en méditerranée). On noterait alors une dégénérescence génétique dû à une succession clonale.
Par ailleurs, la Caulerpa taxifolia peut également être victime d’une bactérie encore inconnue des scientifiques qui empêcherait son développement. [30]
Le déclin

Lien vers les 2 autres espèces invasives :

© plantsam.com
©Jean-George Harmelin
©V. Gravez
©Alexandre Meinesz
©V. Gravez
©A. Rosenfeld